« Aussi étonnant que cela puisse paraître pour qui regarde en l’air sans trop y songer, il y a bien des pierres qui tombent du ciel. Ce ne sont pas les dieux qui nous les envoient, dans un grand fracas, dans une immense lueur, mais bien les corps solides du système solaire : astéroïdes et comètes, planètes et satellites.

Depuis qu’ils ont définitivement admis l’origine extraterrestre des météorites, les hommes n’ont de cesse d’en trouver davantage. Ils guettent une chute inattendue, arpentent les déserts ou tournent des caméras vers le ciel. Ces pierres à nulles autres pareilles, désormais conservées dans des musées, sont les archives de notre passé le plus lointain. Elles permettent aux chercheurs de retracer les différentes étapes de la construction planétaire.

Cette exposition temporaire, la première consacrée aux météorites depuis vingt ans, présente les multiples facettes des pierres venues d’ailleurs. Tout d’abord, elle donne à voir la collection de météorites du Muséum, qui est une des plus riches au monde. Elle fait le point sur les considérables avancées de la recherche scientifique rendues possibles par l’augmentation du nombre de spécimens, le développement de liens forts avec des astrophysiciens et la multiplication des missions d’exploration spatiale. Elle rassure également sur les risques potentiels de catastrophe cosmique.

Outre cette dimension patrimoniale et scientifique, nous avons souhaité donné une large place aux mythes et légendes attachées aux météorites. Comment étaient-elles perçues par les hommes pendant l’Antiquité ? Pourquoi a-t-il fallu attendre la fin du XVIIIe siècle pour qu’elles deviennent des objets scientifiques à part entière ? Quelle puissance surnaturelle les anciens Égyptiens prêtaient-ils aux armes en fer céleste ?

Enfin, nous avons voulu que les météorites demeurent des pierres de rêve. Au cœur d’une scénographie poétique, dix œuvres d’art intimement mêlées aux météorites sont exposées ; elles offrent un autre regard sur les autres pierres. Ainsi, forts du trouble que provoque l’art et la poésie, armés du bâton de la science, nous fabriquons peu à peu, pierre après pierre, mot après mot, une nouvelle lumière, aussi fragile que précieuse : celle d’un savoir riche de son mystère. »

Matthieu Gounelle
Commissaire de l’exposition Météorites, entre ciel et terre